Placer sa voix parlée
et échauffements

Ceci est un aperçu de ma méthode personnelle. Je ne peux pas la retranscrire intégralement, cela serait trop long, il faudrait en faire un livre ! Mais j’écris ici ses grandes lignes. Avoir aussi à l’esprit que la pédagogie de la technique vocale est souple puisqu’elle doit s’adapter à chaque personne. Et chaque personne est unique.
Cela fait plus de 20 ans que je l’enseigne et je dois dire qu’en deux seules séances, cette méthode produit des résultats assez bluffants.

Cette méthode est suivie d’exemples d’échauffements individuels et collectifs que je pratique le plus souvent puis de réponses autour de questions diverses à propos de la technique vocale

Tous ces outils sont mis à disposition de tous, merci à vous, si vous les utilisez ou partagez, de citer la source.

Je vous conseille, en préambule, de passer par une bonne maîtrise de la respiration ventrale !
Sans l’apprentissage de la respiration abdominale, vous ne saurez pas comment bien placer sa voix.

Les étapes

1. Préparation du corps et de la colonne d’air.

  •  On ne parle pas assez du rôle crucial des genoux dans la respiration ventrale et le placement de la voix. Les genoux doivent être sur des ressorts, déverrouillés et souples. Garder, tout le temps de l’échauffement et exercices, cette position. Les jambes sont alors toujours légèrement fléchies, les pieds ancrés dans le sol. Les épaules sont relâchées.
  • Relaxation du visage, des mâchoires et de la nuque. Baillement: on observe ce qui se passe (décollement des mâchoires, ouverture verticale de la bouche, la colonne d’air s’élargit, la respiration est profonde)
  • La mâchoire tombante, un index maintenant la mâchoire du bas, on articule chaque voyelle, une à une. On remarque le rôle cruciale de la langue. Les lèvres ne doivent pas bouger. Visage « bête ».
  • Les voyelles nécessitent de l’espace dans la bouche. Elles ont besoin d’espace extérieur pour se développer et « voyager » et résonner dans les résonateurs.
  • Le visage totalement relâché, on lâche un « a » profond qui vient du ventre. Puis un « b ». Laissez vraiment chuter le son dans le ventre. Il va être grave: c’est normal ! On le laisse résonner dans le ventre. Puis un « baaaa »
  • Les genoux sur des ressorts, la mâchoire inférieure relâchée, le corps très souple, lâcher un « BAAAA » ou « AAAA » en faisant des « vagues » avec les bras, le tronc. Veiller à conserver l’ancrage.
  • On « creuse » le sol avec des moulinets. Le son « A » est alors projeté en avant/arrière. On rajoute des « y » dans le son. Puis: « AYA » répété d’une manière continue. On s’exerce sur d’autres syllabes.

ASTUCE: Je dis souvent à l’élève de se sentir « fatigué » du haut du corps. On joue la fatigue, les épaules baissent, cela apporte plus facilement une meilleure détente que de dire seulement: « Détends-toi »

2. Préparation du diaphragme 

  • Prendre conscience, la main sur le ventre du rôle du « piston ». Prendre conscience que la puissance du son vient du sol. Le diaphragme est notre sol intérieur.
  • La bouée. Respiration ventrale. Etonnement: ah ! inspiration brève, les genoux se plient, les bras s’écartent.
  • Travail sur les consonnes. Les faire claquer.
  • Les consonnes doivent être expulsées le plus violemment possible, avec rage et colère, les genoux légèrement pliés, comme « assis » sur l’air. Les cigales : ts ts ts ts ts . La locomotive : tch tch tch tch tch. Faire taire un gamin en l’imaginant tout petit: chuuuut ! chuuuut !

3. Le son

  • Les voyelles sont du côté de l’espace, de l’air, de la communication. Elles se propulsent loin devant. Leur donner tout l’espace dans la bouche. Les consonnes sont du côté de la puissance: on prend appui sur le sol (extérieur: la terre et intérieur: le diaphragme). Tout mouvement prend appui sur le sol.
  • Faire rebondir, en s’accompagnant d’un bras, une balle avec violence contre le sol, genoux souples et rebondissant à chaque fois: PAY ! TAY ! KAY ! Changer les voyelles: PAAA ! TEEE ! Les consonnes claquent avec rage sur le sol. Rage joyeuse. Lâcher totalement le son sur les voyelles. Ne pas les guider, ne pas vouloir, les laisser libre de voyager: la main se lèvera en accompagnant le reste du son. Viser loin, traverser les murs, laisser le son s’éteindre au loin. Ricochets à la surface de l’eau.
  • Prendre conscience que la puissance est dans l’impact, le reste suit.
  • Refaire les même exercices cette fois avec des moulinets des bras qui « creusent » de chaque côté du corps. Genoux rebondissant.
  • Prendre conscience que le corps doit toujours être souple, rebondissant, bien ancré, relâché: jazzy. Plus il est jazzy, plus le son sera puissant et beau. Et surtout jamais de lignes droites: toujours courbes. Un des deux secrets du beau son et du corps « juste » – le premier étant le déverrouillage des genoux.

4. Les premiers mots

  • Refaire les exercices en les appliquant à des mots avec des consonnes qui claquent et des longues: PAPA, TAPA, PERE, PARLE etc… et à chaque fois, bien frapper le sol sur la consonne avec une rage joyeuse. Sans la rage, le son sera faible. La joie est primordiale car elle détend tout le corps et cherche à communiquer positivement.
  • Si le son et le corps est étriqué ou raide: avant d’émettre le son, bouger les membres dans tous les sens d’une manière jazzy et dessinant des courbes, tout en restant bien ancré dans le sol, puis attaquer le son. Cela permet aussi de ne pas réfléchir, de ne pas être dans le mental.
  • Dans cet exercice, nous découvrons comment se fait un accent: frapper le sol et découvrons les longues et les brèves, en les exagérant au maximum.
  • Nous nous amuserons à déplacer l’accent: « Je te PARle », « Je TE parle », JE te parle ».
  • Seule la syllabe accentuée doit l’être. Les autres sont dites « par dessus la jambe »
  • Rajouter des flèches qui viennent traverser le partenaire. La phrase, les mots deviennent des flèches. Bien s’assurer que la flèche ne s’arrête pas avant le partenaire, ni sur lui mais le traverse pour aller loin derrière lui.
  • Lorsque l’exercice est bien effectué, et que l’on atteint le naturel, on peut passer à des phrases courtes ou à un texte.

De nombreux élèves se désespèrent de la difficulté qu’il y a à utiliser la respiration ventrale en parlant.

Lorsqu’on parle, il ne faut pas penser RESPIRATION
mais penser: APPUI

Si je fais REBONDIR ma voix, je serais dans une respiration ventrale sans avoir à y penser !

Une fois que l’élève a bien appris comment poser sa voix, il s’agit de s’entrainer !
Voici les principaux échauffements que je pratique à chaque début de séance
.

Respiration ventrale et musculation de diaphragme “Chut” fort, en colère. “Tch tch tch”, “ssss” etc… 

Faire rebondir une balle devant soi: “Tay” “Kay”. L’accompagner du bras. Le son voyage au lointain, comme ricochet. Privilégier les consommes qui claquent.

Lancer de flèche au ralenti. Pied droit devant, élan arrière, projection de flèche. Projetez des syllabes avec des consonnes qui claquent et en allongeant les longues. Tenir le geste. Imaginer que la flèche traverse de part et d’autre le partenaire, traverse aussi le mur derrière lui !

Le territoire, deux à deux: Regarder le partenaire dans les yeux, bien s’ancrer, et comme dans les westerns, le défier. « Moi ! « : on plante 2 flèches à la verticale dans le prolongement de son corps. Ces 2 flèches délimitent mon territoire. Puis, en le désignant, doigt pointé, on lance une flèche, en le défiant: « Toi ! ». L’autre est sommé de ne pas approcher. Puis on marche dans l’espace en transportant son territoire avec soi.

Exercice collectif: les élèves se mettent en ligne, au fond de la salle, tournant le dos au public. Chaque élève passe: il se détache du groupe, se met à une certaine distance de la ligne de ses camarades (près du public) et envoie une flèche à l’un d’entre eux en lançant: « Je t’appelle, toi ! / je te parle » (ou ce qu’on veut). Celui qui se sent interpellé se retourne.
Cet exercice est vraiment passionnant: il permet de travailler, pour l’élève qui interpelle, l’adresse, la précision et l’énergie qu’il y met. Et pour celui qui reçoit, sa capacité d’écoute et surtout sa confiance en lui (est-ce bien moi qu’on appelle ?)

Dynamisme et lâcher prise: Les élèves marchent en occupant tout l’espace du plateau, d’une manière dynamique. L’un d’eux (qui veut) s’arrête et avec tout le corps, levant le bras, lâche un « HEY » bien sonore, adressé à tout le groupe. Tout le monde s’arrête et reprend son cri.

Jeu sonore: En cercle, chacun son tour lance un son « facile » (une consonne + une voyelle longue) avec un geste qui libère tout le corps. Le geste doit avoir un début et une fin et doit être très précis. Le groupe reprend geste et son en choeur.

« Je n’aime pas ma voix », « Ma voix n’est pas posée », « Je parle trop doucement » etc…
Une voix placée est une voix reflétant ce que vous êtes, intimement. Or beaucoup de voix ne sont pas placées: ce qu’on entend alors c’est le résultat de compromis pris au cours de l’existence.
De déplacement de soi-même.

Les symptômes peuvent être plus ou moins importants: timidité, introversion, manque de confiance etc…
Pour en savoir plus, consultez: Le corps et le psychisme

Pour poser sa voix, il faut apprendre à se poser soi-même.
On l’a vu plus haut: il faut que les pieds soient ancrés, la colonne d’air dégagée, la mâchoire détendue, le tout s’alignant sur un axe vertical.
La voix et le souffle peuvent prendre alors appui sur le sol extérieur et le sol intérieur: le diaphragme.

Il est tout à fait possible, en deux séances, de corriger votre posture et de repartir avec un training sur mesure afin que cette nouvelle posture vous devienne peu à peu naturelle !

En bonus: une vidéo qui aide à visualiser la mécanique de la respiration abdominale

RESPIRATION: LE RÔLE DU DIAPHRAGME

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2 thoughts on “Placer sa voix parlée

  1. Merci pour vos bons conseils. J’étais à la recherche d’une méthode pour aider des amis conteurs à placer leurs voix. Je suis conteuse et comédienne amateur.

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