L’appropriation du texte
A destination des comédiens:
comment travailler un texte ?
Comment se débrouiller avec ses répliques ?
Comment faire pour arriver à un « naturel » ?
Comment s’organiser face au texte ?
Comment se l’approprier ? le ré-inventer ?
le faire vivre en nous à chaque instant comme s’il était neuf ?
Tous ces outils sont mis à disposition de tous, merci à vous, si vous les utilisez ou partagez, de citer la source.
Voici quelques outils pour travailler chez soi, avant de monter au plateau:
1. La concrétude des mots
Détendu, texte en main, visiter chaque mot (important ou pas) du texte. Prendre son temps. Enoncer le mot à haute voix : est-ce que ça me parle ? est-ce que je le vois, le sens ?
Lorsque j’ai l’image et la sensation précise, je peux alors passer au mot suivant. Et ainsi de suite…
Chaque mot = une image très précise + une sensation.
Ne pas chercher les intentions: cela brouillerait l’écriture: pour l’instant, nous ne savons rien de celles-ci ! Laissez-vous faire, travailler par les sons, images, sensations. Cherchons la concrétude de chaque mot. Rentrez dans les détails. L’enchainement des mots (la phrase) viendra dans un second temps.
Il s’agit d’apprendre une nouvelle langue !
Attention, ceci n’est pas un travail mental, mais bien visionnaire et corporel. Il s’agit de trouver une parole organique. Le corps est en mouvement, traversé par le souffle, la sonorité des mots, de la phrase.
Travailler sur l’image concrète et sa sonorité et l’expérience physique qui le constitue.
En cela, on met ses pieds dans les traces de ceux de l’auteur. On explore patiemment comment il a écrit. On devient alors peu à peu le créateur du texte. On l’invente, en direct.
Astuce: pour aider à trouver la concrétude d’un mot, pour aider à se l’approprier, à l’inventer, à le choisir, on passe par un synonyme ou un contraire.
Ex: « La lune est pâle ». Je prononce tout haut: « La lune n’est pas blanche, elle est… pâle ». Pour: « Il a hurlé », je dis tout haut: « Il n’a pas crié, il a hurlé » etc…
2. Le texte fragmenté
Ne pas aller vite. Découper le texte en fragments. Cela peut être de tous petits fragments, au début: une phrase, un vers etc…
Répétez toujours le même travail: rendez chaque fragment organique. Bien les ressentir.
Notez les arrêts par des slashs.
Puis découper la scène. Repérer les mouvements, les actions. Donnez des titres aux mini-scènes: cela vous aidera.
C’est un travail d’extrême précision:
« La précision, le détail, voilà le secret.
Tel un horloger, s’attacher à chaque rouage. Fragmenter chaque scène, phrase, mot. Chaque fragment est une perle.
Les goûter une à une, « en profiter », les visiter le plus loin possible, en faire le tour.
A la fin, nous aurons le collier. »
(extrait de mon journal de travail)
3. « Le texte invisible »
Il s’agit d’une méthode originale que j’ai élaborée au fur et à mesure des années d’enseignement, empruntée à ce qu’on nomme le « sous texte ». il y a seulement quelques années, j’ai découvert que celle-ci se rapprochait du « monologue intérieur », décrit par K. Lupa…
De quoi s’agit-il ?
Texte en main, jouer les répliques et la situation en énonçant et jouant à voix haute tout ce qui n’est pas écrit. Jouer tous les blancs de la feuille, révéler l’écriture « cachée ». Le comédien mêle ses propres mots au texte de l’auteur.
Ce travail permet de révéler tous les ressorts de l’écriture. Pour ma part, la meilleure méthode de jeu, d’appropriation d’un texte.
Cette méthode, que je peaufine depuis des années, est abondamment détaillée dans mon journal.
Je peux aussi vous prendre en séance individuelle afin de vous l’expliquer ! Nous l’appliquerons au texte que vous êtes en train de travailler.
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