Parler trop vite est le mal du siècle !
Le monde s’est accéléré, et avec lui tous les outils technologiques.
Nous allons de plus en plus vite, avec nos corps (pour nous déplacer)
mais aussi avec nos yeux, nos mains, nos cerveaux
(pensons à nos rapports avec les objets du quotidiens: écrans, clavier etc.)
➤ Parler, c’est atteindre sa cible
Cependant si effectivement la vitesse de nos déplacements s’est accélérée
de manière vertigineuse, si nous franchissons l’espace de plus en plus vite,
si l’espace en général a tendance à devenir
donc de plus en plus petit, il y a une distance qui, elle, ne bouge pas :
celle qui me sépare de l’autre.
Si ma parole, qui n’est autre qu’une projection de son, ne tient pas en compte
l’éloignement de l’autre, c’est-à-dire l’espace qui me sépare de lui,
espace qu’elle doit franchir,
alors je « rate » l’autre.
Pourquoi ?
parce que la parole nait justement de cet écart entre l’autre et moi-même.
C’est parce que l’autre est loin que j’éprouve le besoin d’utiliser le langage.
Si l’on est en fusion: plus besoin de parler !
La communication peut passer par d’autres moyens: le regard, le toucher.
Parler est la prise en compte même de cette infinie distance
que j’ai avec l’autre : nous sommes différents.
Ma voix, qui est projectile doit alors, à chaque seconde,
considérer cet espace qui le sépare de sa cible.
Parcourir cet espace demande du temps qu’on ne peut pas raccourcir.
Si je parle vite, ma voix ne va pas jusqu’à l’autre, ne l’atteint pas !
La flèche retombe par terre, bien avant d’atteindre sa cible.
La voix donc doit être souple, étendue, et doit se déployer dans l’espace.
Et non pas être réglée sur un « débit-mitraillette »: sons brefs et rapprochés
S’adresser à quelqu’un c’est le regarder dans les yeux.
Le cibler.
La parole doit être projectile : ceci est la règle n°1 de toute prise de parole
➤ Parler c’est écouter
Parler, c’est inclure l’autre dans mon espace de parole, prendre en considération sa présence.
C’est dialoguer.
Lorsque je parle, j’écoute l’autre et je rebondis sur son silence.
Je ne m’installe pas dans un monologue, je ne le mitraille pas !
Je fais des pauses : j’inclus ses silences. J’accueille l’autre.
Je n’ai qu’un seul objectif: ne pas obliger l’autre à faire un effort pour me comprendre.
Je découpe donc mes phrases en segments afin que ma parole
Soit la plus intelligible possible.
L’erreur à ne pas faire
Je vois beaucoup de personnes qui essaient de corriger le débit de leur parole
en pensant : « Je ralentis ! »
Or il n’y a rien de plus artificiel: les sons sont tous étirés
et le résultat désastreux, absolument pas vivant !
Non ! il ne faut pas penser : « ralentir » mais : « segmenter ».
Découper ses phrases, créer des silences entre elles.
Comme si on s’assurait, à chaque pause, que l’autre
ait bien reçu le sens de mes mots.
Je fragmente le plus possible ma parole
afin que l’autre me comprenne tout à fait
La parole doit être fragmentée : ceci est la règle n°2 de toute prise de parole
➤ Les causes
Parler trop vite est souvent le signe d’un manque de confiance en soi, d’une peur.
Peur du jugement, peur du regard de l’autre.
La voix est faible et ne comporte aucun silence : elle ne parvient pas vraiment à l’autre.
Nous nous débarrassons de notre texte le plus vite possible,
évitant de regarder vraiment l’autre, et de lui parler vraiment.
Article sur le manque de confiance
Article sur le stress et la gestion des émotions.
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