LES AVENTURES
DE PEER GYNT

D’après Henrik Ibsen
Traduction : François Regnault

Mise en scène : Yaël Bacry
Assistante : Catherine Vasseur /Anaïs Pélaquier/ Mathilde Etienne
Scénographie et costumes:  Gulia Manset et Flora Tanguy 
Lumières : Jean-Luc Chanonat

Avec

Emmanuel Bodin, Véronique Mailliard , Julien Nguyen Dinh, Barnabé Perrotey,
Michel Ronfard, Béatrice Vincent, Margaret Zenou 

Chargée de diffusion: Ida Blaska
Production La Compagnie des Pas

Théâtre de l’Aventure, Ermont. Gare au Théâtre, Vitry-sur-Seine.
Anis Gras, Arcueil. Espace Charles Vanel, Lagny-sur-Marne. 

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PRESSE

Journal de Edith Rappoport

Peer Gynt est une fabuleuse épopée écrite en 1867. J’ai conservé dans ma bibliothèque le livre témoin de la très belle mise en scène de Patrice Chéreau au TNP en 1981 avec Gérard Desarthe dans le rôle titre et je garde de vifs souvenirs de celle d’Éric da Silva et Catherine Boskowitz au Théâtre de Gennevilliers, il y a une dizaine d’années.
Yaël Bacry s’est emparée avec subtilité de cette oeuvre qu’elle conçoit comme“un hymne à la liberté, à la poésie et au jeu (…) fabuleuse histoire à rêver et à penser pour tous”. La version conçue par Patrice Chéreau durait 7 heures, Yaël Bacry en a fait une version d’une heure et quart qui a fasciné les spectateurs de 2 à 97 ans. Peer Gynt est épris de liberté, il n’accepte aucune contrainte, fuit sa mère qui le réprimande, séduit puis abandonne une jeune fiancée à l’instant de son mariage avec un autre, commet avec grâce et le plus légèrement du monde les forfaits les plus méprisables. Une seule femme l’émeut, Solvejg, il en est amoureux mais il l’abandonne pour épouser la fille du roi des Trolls. Elle l’attendra pure et blanche au fond des bois, pendant des décennies, alors qu’il s’épuise dans ses rêves absurdes à l’autre bout du monde.
Les 7 comédiens jonglent avec beaucoup de finesse dans la forêt des rôles. Julien Nguyen Dinh est un magistral Peer Gynt, elfe léger et moqueur dans la première partie, vieillard allègre et déterminé à vivre coûte que coûte dans la deuxième. Les autres comédiens jonglent habilement avec les autres personnages, avec de pauvres et poétiques accessoires, une poubelle, des panneaux de photos de glacier… Du plus petit au plus vieux, nous sommes émus, c’est remarquable ! 

Yaël Bacry a tenté un pari difficile: celui de faire une version d’1h15 de la célèbre fable d’Ibsen, Peer Gynt. De ce dense parcours initiatique, Yaël Bacry, la metteur en scène, a su intelligemment aller à l’essentiel. Avec peu de moyens Yaël Bacry réussit un tour de force : reconstituer des lieux, créer des tableaux avec trois bouts de ficelle. C’est particulièrement lorsque cette créativité, cet imaginaire se met au service du spectacle que nous sommes littéralement subjugués. Il faut voir le tableau du navire créé devant nous par les comédiens avec un escabeau, une roue de vélo et des bâches plastiques. On s’y croirait et c’est à couper le souffle.  Les lumières absolument parfaites créées par Jean-Luc Chanonat contribuent à la magie de ce spectacle. (…)
Mais la vraie révélation, le réel coup de cœur reste la comédienne Margaret Zenou. Lorsque son personnage Solveig apparait, tout habillé de blanc, nous restons sans voix, pétrifiés devant une telle présence, une beauté constante et fragile. Elle a beau être dans un tout petit coin du plateau à se jeter des confettis (derniers vestiges de son mariage manqué), on ne voit qu’elle et les larmes nous monteraient presque aux yeux. On attend chacune de ses apparitions, lentes et douces, et ses scènes sont de vrais bijoux de poésie .  Margaret Zenou apporte ce qu’on appelle, me semble-t-il, la grâce à ce spectacle déjà bien réussi.

 PEER GYNT: Toute la vie (ou presque)

Le théâtre devrait toujours nous prendre et nous surprendre comme ceci, toute la vie concentrée en 1H15. Ce théâtre qui bondit, rit, crie et pleure, déblase en quelques instants. Etre Peer à fond, transposé dans cette Norvège des légendes populaires, avec les trolls- mais rock and roll -et le diable au bout du chemin.
Peer court et vole sans boussole, de désirs en impostures et d’audaces en hésitations, entre et sort en quatrième vitesse, passe du comique à l’épique, du tendre au truculent. Les sept acteurs bondissent de rôles en rôles et de costumes en costumes, font d’une bâche une mer déchainée et bâtissent une montagne avec des bouts de carton. Ils créent ensemble une généreuse machine théatrale à émerveiller jusqu’aux plus jeunes, dans le même temps nous tendent un miroir pour mieux y voir nos vies en exagéré, tous perdus entre amour, ambitions et inachèvement, imparfaits comme des boutons à refondre dans le grand chaudron. 
En une fable drôle et cruelle, la condition humaine.

ILS EN ONT PARLE…

Jean-François Hubert

Voilà… en gardant un souvenir très vif de la mise en scène de Chéreau, il y a 30ans, j’ai abordé ce nouveau Peer Gynt en me disant qu’il tenait un peu des deux : le grand air, le souffle lyrique – et le bricolage, l’arte povera. La pièce porte ces deux couleurs bien sûr, et c’est une vraie joie de la voir réapparaître comme ça, avec cette modestie, cette fantaisie, cette folie parfois. Le théâtre pauvre dans le meilleur sens du terme… voilà qui permet d’entendre de toutes ses oreilles, avec limpidité, sans filtre…
Et la réduction du texte est si bien cousue que… c’est sa chair qu’on voit, et pas son squelette.Tout ça sent bon, très bon, l’amour et le respect, la délicatesse et la chaleur humaine. En sortant je me disais que si j’avais la responsabilité d’une scène, je programmerais sans… hésiter le spectacle… car tous les publics s’en trouveraient bien, à mon humble avis, et pour les meilleures raisons du monde !
Bonne route à vous.

Denise Luccioni

Je n’aime pas d’habitude le théâtre « qui raconte des histoires ». Pourtant j’ai été emportée, comme un enfant, dès le début. Les comédiens sont remarquablement justes, entre hypernaturel et surnaturel. La scénographie inventive, la mise en scène exaltée et délicate, avec un rythme plutôt intense. J’ai aimé la métaphore,… le renversement de la fin : l’homme qui veut croire aux histoires résiste à la mort, qui vient du dehors… Et soudain le réel change de camp, car le vrai, c’est l’imagination, c’est l’illusion, c’est le théâtre.
Bon vent Yael avec ton Peer Gynt, on a besoin de voir sur scène un tel engagement pour la vie et le théâtre (ça peut être synonyme), tout en écoutant des histoires universelles et sans âge.

Hélène Avice

Oui, j’espère Yael que tu vas pouvoir reprendre ce spectacle plein d’énergie et de poésie. Ton travail toujours si sensible et la belle direction de tes acteurs méritent plus que ces quelques représentations. C’est un beau voyage pour les spectateurs et voir Julien Nguyen Dinh passer de l’extrême jeunesse à la vieillesse est une chose très réussie et émouvante. Bonne continuation à l’équipe des trolls!

NOTES D’INTENTION

Une fabuleuse épopée

PEER GYNT, écrite en 1867 à partir de contes populaires norvégiens, raconte le voyage d’un jeune homme qui, parti de son village natal, rêve de devenir empereur.
Sa devise ? « être soi-même » en toutes circonstances, et considérer la vie comme un jeu, où l’on peut à chaque instant reprendre ses billes, et repartir à zéro, sur la route. Libre, insolent, doté d’un pouvoir d’imagination jamais assouvi, Peer traversera ainsi de multiples identités et des mondes aussi fantastiques (rêvés ?) que réels.
Tout au  long de ce parcours initiatique, Peer Gynt se confrontera aux situations les plus périlleuses et s’en sortira (presque…) toujours grâce à sa formidable capacité à contourner les obstacles.

Une pièce tout public

Hymne à la liberté, à la poésie et au jeu, PEER GYNT est une fabuleuse histoire à rêver et à penser. Pour tous.
La pièce est à mettre du côté de ces grands textes que nous découvrons enfants et qui nous suivent tout au long de notre existence. 
Car Peer Gynt est tout à la fois un roman d’aventure, un conte initiatique et une fable philosophique dans laquelle co-existent plusieurs niveaux de lecture. Proche des grands mythes (la Bible, Homère et les Grecs) et des contes (contes nordiques, Grimm…), la pièce a une portée universelle.

La rendre accessible aux plus jeunes, c’est leur faire partager la richesse des thèmes fondateurs qui la traversent, à travers l’axe central de la quête de soi, et aussi leur faire découvrir un texte d’une poésie à couper le souffle : à la fois extrêmement concrète et  visionnaire.
Mais c’est aussi surtout leur ouvrir et leur faire toucher en direct  la question du rapport de l’art à la vie (question qui traverse d’ailleurs toute l’oeuvre d’Ibsen). 

La vie ? un atelier permanent – selon Ibsen 

La vie, nous dit Peer, il faut la risquer, la tenter, la rêver, l’aventurer. Partir à la recherche de ce qu’on ne sait pas. Travailler avec l’inconnu qu’on porte en soi et qui se dresse là devant nous. C »est être là, à chaque instant, dans l’invention de sa réponse au monde, c’est se mettre soi-même en jeu (à l’image du comédien sur le plateau) à chaque instant tout en sachant que cette quête (qui suis-je ?) n’aura pas de fin – la mort seule ayant le pouvoir de l’arrêter.*

Vivre, c’est jouer sur le grand plateau du monde

Leçon de vie donnée en direct depuis un plateau de théâtre (car Ibsen ne cesse de mettre en abîme sa pièce) par un Peer comédien, saltimbanque, jouant jusqu’au bout, se relevant de toutes ses chutes (échecs) avec la même vitalité et invention qu’avant.

La pièce ? Un immense trait joyeux et rageur qui raconte la joie et la difficulté que c’est de se frotter au monde.

Où on a l’occasion de palper en direct ce que signifie l’échec et la réussite, la difficulté que c’est que de quitter sa famille, ses origines, d’être vraiment « soi-même » – et non pas le rêve de quelqu’un d’autre: être à soi-même son propre rêve, de se trouver, se construire, de devenir, comme on dit, « quelqu’un », de grandir, de savoir attendre, de lâcher un peu de soi pour pouvoir partir, aller à la découverte des autres, de se défaire de ses peurs, s’alléger, changer de point de vue, tenter, risquer, savoir mesurer l’obstacle qui est devant soi, de gravir la montagne de ses prétentions et de ses désirs, bâtir son « Royaume », s’inscrire dans le monde et de trouver la manière juste d’y être libre, inventer des chemins, s’inventer soi-même.
Superbe leçon de vie que nous offre là Ibsen qui nous suggère que la vie est à l’image d’un atelier. Ou d’un plateau de théâtre. « Rien n’est jamais définitif« , nous dit Peer, devenu adulte. ou encore, en plein naufrage : « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! »

Une oeuvre ouverte à l’image du monde

Ce qu’expérimente Peer, à travers ses aventures, n’est autre que cette utopie partagée par tous: devenir créateur de sa propre vie. Et par là même, la pièce est avant tout une fabuleuse histoire initiatique – pour tous. 
Enfin, la pièce se clôt par une énigme radicale – et c’est là sa grande force (et qui fait qu’elle est jusqu’à la fin un objet vivant). A la question du « ai-je été vraiment moi-même ? », il ne sera donné aucune réponse définitive. Tout restera ouvert aux multiples interprétations possibles. Et l’on peut parier qu’il y aura débat là-dessus…
Avec la Mort (le Fondeur), Peer jouera jusqu’au bout. Mais cette fois la partie sera difficile car il s’agit de la dernière scène, celle qui va interrompre le jeu à jamais : celle qui se joue dehors, hors plateau.
Peer serait ce comédien qui ne voudrait jamais sortir de scène…

Qui voudrait quitter le plateau de la vie ?

GALERIE

TEASER

CLAP DE FIN….

Chers tous,

Aujourd’hui, Samedi, nos deux derniers voyages: 14h et 20h30. 

Le paquebot, hier, était plein à craquer. La langue d’Ibsen a résonné encore longtemps après la fin…

Une histoire abyssale, profonde et joyeuse, portée par un rêve fou: celui de se dire que, malgré la peur et l’énormité des obstacles rencontrés, malgré la résistance que le monde nous envoie, et au seuil même de la fin, l’on reste créateur de sa vie jusqu’au bout. Qu’on est toujours quelqu’un: soi-même.

L’histoire d’une vie. Celle de Peer Gynt. L’histoire de chacun d’entre nous.

Préserver jusqu’au bout le rêve, l’enfant, l’artiste en nous – au sein même du monde tel qu’il est.

Seule position « vivante ». Forcément du côté de l’insolence et de la poésie.

Peer Gynt ? une histoire belle comme le commencement du monde. 

Yaël

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