DIDON ET ENEE / PURCELL

Direction: Stanislas Renoult

Mise en scène: Yaël Bacry
Assistante: Nadia Xeri-L
avec
Choeur en scène
Direction choeur: Gilles Harlé
Didon: Patricia Gonzales 
l’Orchestre de Massy

Opéra de Massy et Théâtre Alexandre Dumas, Saint-Germain-en-Lay 

La gestualité ici sera réduite à l’essentiel.  Pas d’anecdotes. Chaque pas nous emmène vers la fin que Didon, depuis le début pressent intimement. 

Penser à peinture baroque: le corps, traversé par les sentiments, se transforme, bouge, brûle.

Donner à voir ce qui de l’intérieur agit – agite les protagonistes. Préserver le caractère totalement intimiste, privé, secret de l’oeuvre.

Donner à voir. Et non pas jouer pour que ça se voit. 

Faire que cette musique soit possible. 

SUITE DE LA NOTE D’INTENTION

Note d’intention

Accompagner au plus près la musique de Purcell, en concevant une mise en scène à son image: dépouillée de tout artifice, totalement intimiste et d’une expressivité épousant toutes les subtilités de l’âme humaine.

Un plateau quasiment nu: des pierres blanches ça et là, au jardin un petit  » radeau  » en pente: l’espace de Didon (tour à tour sa chambre, le lit où elle s’unira avec Enée, le quai d’où elle le verra partir puis enfin son lit funéraire).

A la cour, des praticables en hauteur, entrelacés : le vaisseau.

Au lointain, un cyclo, l’image de la mer, d’où Didon apparaîtra au début, et vers lequel elle s’en ira à la fin de son dernier air. 

Deux caméramans évoluent sur le plateau et en coulisses, captant en direct les images du spectacle, retransmises sur le cyclo.

L’invisible est alors rendu visible

QUELQUES MOMENTS DU SPECTACLE….

Le début : la lumière monte sur un petit groupe d’hommes et de femmes qui rentrent sur le plateau désert, des instruments à la main. Dans le silence, quelqu’un dépose un rose sur le petit radeau. Puis ils descendent dans la fosse et commencent à jouer. 

La mer apparaît au lointain. Didon en sort, un tulle à la main, comme extirpée d’une histoire qu’il s’agira de retraverser.

La pulsation de l’Ouverture, c’est la panique intérieure de Didon, l’accélération de son coeur. Son pressentiment. 

Le tulle, l’impossible union.

L’orchestre et les chanteurs sont en habit de concert. Didon est en blanc, défaite, sans “robe”. 

Enée arrivera en manteau, accompagné de son fils.

Le Choeur, au milieu d’un chant exécute une chorégraphie de quelques secondes. 

L’Acte II : Didon, debout sur son “lit”, se détourne de Enée, lequel s’endort. Dans la chambre, la nuit descend. L’Enchanteresse apparaît. Didon la regarde, son double noir, son pressentiment. 

Dans le silence, elle longe la mer. Un grand rideau noir la suit, occultant peu à peu tout l’écran. Elle descend à la face et chante, appelant ses sœurs depuis son bas-ventre.

L’Esprit descend des cintres et reste là haut, comme un soleil noir. Il est accroché à l’envers, la tête en bas. C’est un enfant. 

Les sorcières rient au piège tendu à Enée.

Didon est là, elle regarde et entend tout.

La chambre se rallume. Le décor des bosquets, planté par les sorcières, est magnifique.

Enée ramasse la rose du début qui est resté sur le « lit », et l’offre à Didon. 

L’orage éclate.

Didon est encore là, lorsque l’enfant ordonne au père de partir. 

Elle sera là tout le temps de l’opéra, et ne quittera le plateau qu’à la toute fin.

La ronde des sorcières autour du radeau de Didon, qui hurle silencieusement.

Le Chœur défait les tulles-masques des sorcières et se transforme à vue en pleureuses.

………………

When I am laid. L’air final est une délivrance. Pas de pathos. Didon est déjà “ailleurs”. A la fin de son chant, elle se lève et part au lointain pour disparaître dans les flots.

Reste sa trace qui reste en suspens.

La lumière est très blanche.

Le Choeur final est un Choeur qui rend visible, audible cette trace là.

Ne pas bouger. Les corps et la musique restent suspendus.